Thursday 5 July 2018

Un creux de quatre ans | A Four-Year Gap: Candy

Pendant la période 2001 2005, après la mise en sommeil de Mauvaise graine jusqu'en 2002, l'écriture ne vient plus me tarauder. Je délaisse la plume pour des raisons que j'ai oubliées aujourd'hui. La lassitude sans doute, le manque d'inspiration. Le tout reviendra après 2003, et surtout 2004, deux années noires, sombres, confuses. Je me souviens juste avoir publié cette prose poétique "Candy" sur le site Roller-Pen lancé par Ludovic Kaspar grâce auquel j'ai connu plusieurs auteurs avec lesquels je suis toujours en relation aujourd'hui. Cette prose poétique avait été publiée la première fois dans le recueil Troubadour nonchalant, éditions Press-stances, 1997.


Tu parlais de Candy sans ses rubans rouges et les couettes défaites, elle avait un air de catin nymphomane en plein orgasme. Oh oui ! Comme tu l’aimais la petite poupée de chiffon souillée de morve, de bave et de boue. Ton ombre rouge, étendard fantasque arborant la vertu et le vice, flambait dans la maison tandis que la Candy fleurissait sur la moquette délavée par le soleil.
Les lesbiennes envahissaient nos rues et leurs orgasmes gris perforaient l’abdomen des mysos. Candy les apprivoisait et en cultivait les ailes de papillons fanées.
Candy est partie ce matin de septembre sans attendre les hirondelles et tu as pleuré. Mais tu es avec moi et je t’aime encore pour ce corps flasque qui ne sait plus que couiner et clapoter.
Tu parlais de Candy lorsqu’elle était au lit, dans son lit d’hôpital, malade à en crever, si bien qu’elle en est morte. Un matin tu l’as vue, nue, sous les draps de soie. C’était une illusion, une hallucination. Champignon. Poison. Alcool adorable et doux. Haschich. Illégalité du pardon de celui qui se soule pour oublier.
Tu parlais de Candy et de ses positions. Elle les connaissait toutes.
Tu parlais de Candy, de Cassandre, de Zahra, de Sophie, de Martha, de Rosie, de Fabiola, de Mireille, de Cora, de Paula, de Patsy, de Cindy, de Fiona… Tu parlais de Zelda.
La guerre a éclaté et nos cœurs envahis par la tourmente brune. Et tu parlais du Blitz, toi qui étais à Londres, le jour où tout commença.
Tu fuis vers l’Islande et rencontras Arthur et son frère Armand. Ils étaient beaux ensemble, sereins, grands. Leurs corps près des lacs et des geysers en éruption. Tout ça, ça t’excitait.
Et tout ces visages blancs de ta mémoire et de ton inconscient. De cette autre mémoire de temps immémoriaux, de ceux de tes enfances en d’autres seins féconds, de tes vies antérieures où tu voyais venir les pharaons glorieux auprès du lit du Nil, les Barbares dans la Rome, les Croisés dans la Sainte, les châteaux flamboyants et les vieux philosophes. Les poètes et la guerre.
Tu parlais de Candy et je l’ai rencontrée. Elle m’a offert son corps et je m’y suis perdu. Je m’y suis senti bien, au chaud et à l’abri. Mais je n’ai rien appris. Est-ce que Candy te manque dans les nuits de blasphèmes ? Son ombre n’est plus là depuis que cette rue a perdu tous les noms des femmes de ta vie.

Between 2001 and 2005, after Mauvaise graine was dormant for two years (2000-2002), I could not write anymore. I quit the quill for reasons I have totally forgotten today. Boredom probably, a lack of inspiration. All this came back after 2003, and particularly 2004, two confused, dark-black years. I can only remember publishing the prose poem "candy" on Roller-Pen, an online venue, edited by Ludovic Kaspar thanks to which I encountered several French authors with whom I am still in contact today.
The English translation was first published in The Typing Tank, in 2012. Since it closed down, here is the prose-poem.

Candy (Lies)

You were talking about Candy without her red ribbons and with her undone plaits she looked like a nymphomaniac whore in full orgasm. Oh yes! How you loved the little rag doll stained with mucus, slime and mud. Your red shadow – a banner bearing the whimsical virtue and vice – blazed into the house while Candy blossomed on the carpet faded by the sun.

The lesbians were invading our streets and their grey orgasms perforated the abdomen of misogynists. Candy tamed them and cultivated their faded butterfly wings.

Candy passed away that September morning without waiting for the swallows, and you cried. But you're with me and I still love you for this limp body that can now only squeal and splash.

You were talking about Candy when she was in her bed, in her hospital bed, sick to die, so she died. One morning you saw her naked under the silken sheets. It was an illusion, a hallucination. Fungus. Poison. Sweet and tender alcohol. Hashish. Illegal forgiveness of the man who gets drunk to forget.

You were talking about Candy and of her positions. She knew them all.

You were talking about Candy, Cassandra, Zahra, Sophie, Martha, Rosie, Fabiola, Mireille, Cora, Paula, Patsy, Cindy, Fiona... You were talking about Zelda.

War broke and our hearts were invaded by the brown turmoil. So, you spoke of the Blitz, you who were in London, the day it all began.

You fled to Iceland and met Arthur and his brother Armand. They were both beautiful, serene, graceful. Their bodies near the lakes and the erupting geysers. All this aroused you.

All those white faces in your memory and your unconscious. That other memory of ancient times, those of your childhood in other fruitful breasts, your past lives where you saw the glorious Pharaohs coming down from the bed of the Nile, the barbarians in Rome, the Crusaders in the Holy, the flamboyant castles and the old philosophers. The poets and the war.

You were talking about Candy and I met her one day. She gave me her body and I got lost in it. I felt good, warm and safe but I have learned nothing. Do you still miss Candy in the blasphemous nights? Her shadow has faded since this street lost the names of the women in your life.

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