Wednesday 4 July 2018

Le canard à l'orange

publié dans Proscrit, janvier 1999

Le canard à l’orange

ou

La raison demande à la passion pourquoi s’obstine-t-elle à être


Je regarde tes yeux
ils me disent tout
ce que j’ai toujours voulu entendre
et dans un élan de passion
je descends
d’une note supplémentaire
sur l’échelle de Richter.

Le canard dans la basse-cour
cancane et pourtant
si j’en crois tes réflexes,
les oranges pelées
posées sur la table,
il se peut que dans quelques instants
le canard
soit plumé.

La minute suivante
ton dos courbé,
échine de bête de trait,
se rue sur mon fessier
pour lui donner
un dernier coup de reins.
L’orgasme suivant
le canard crie dans le four
qu’on ne l’y prendra plus
mais il crie en vain
il est déjà trop tard
pour le volatile nu.

La minute d’après
je regarde ton ventre,
il gonfle sous le poids
de mes baisers chauds,
de mes caresses tendres
et de ma tête pleine.
Tu l’aimes tant ma tête,
parlons-en de ma tête,
tu la trouves si blonde,
aux lèvres si charnues,
aux ovales féconds
et au scarabée-cul.

Le nécrobie s’acharne
et la sage alouette,
plumée
des pieds à la tête,
polie les années folles,
dégringole.

La seconde restante
ton sexe s’est dressé
et dans un élan vif,
acéré
m’a pénétré.

Les carottes sont cuites,
le canard est doré.
Les oranges amères sont tournées
retournées
détournées
contournées
ajournées.
Terminées.

Tu chantes encore un peu
tu me regardes de loin,
de haut
et je me dis tout bas
« pourquoi ? »

Tu es le seul que j’aime
tu seras toujours seul
quand tu es loin de moi
et j’ai bien peine à croire
que ce peut être moi

qui viens d’écrire tout ça !

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