Wednesday 4 July 2018

C'est l'heure des beaux mecs

publié dans Axolotl, printemps 1998

C'est l'heure des beaux mecs. A l'instant, je viens d'allumer ma roulée; elle me rappelle le petit muret, près du ru, sur lequel je m'asseyais en attendant le bus pour aller au magasin. Toujours le même oreiller sous la tête, le même coussin sous les fesses. Un ton grave au téléphone. "Le chien de l'espace" est allé jouer ailleurs sur ma platine laser. Toujours les mêmes souvenirs en tête, avec cet oreiller qui les cajole. Un brin de soufre sur la vie d'un garçon de coton, sodomisé un soir de neige par celui de laine. Haine. Paroles faciles qui vrillent mes tympans et l'esprit houleux du mauvais lépreux, ce Bon Samaritain qui écoute les Chants Profonds depuis le balcon de son appartement.

C'est l'heure des beaux mecs. Et son ombre, la cherche-t-il toujours? Moi, je ne suis pas mieux, je ne cherche plus rien. Il a éternué sans prévenir. Il souffle comme un bœuf asthmatique. Les carottes sont peut-être cuites au pays des ermites. Ca aussi ça te rappelle quelque chose. Pense plutôt à "Mag (Pie)  the Cook", ça te rendra abstinent pour le restant de tes jours. Et Nikki, et Paul, et Tracey, et Sue, et Pete, et Am... et l'autre là, la putain aux yeux de jasper amer, celle qui s'était faite sorcière pour mieux te terroriser.

Tu n'as plus ses dessins pour te tenir compagnie ni orner ta vie. Et alors? Alors, ils valaient peut-être de l'or.

C'est l'heure des beaux mecs et des chevaux blancs, des puceaux en aube blanche. Ton cœur s'est arrêté de battre sans que tu ne saches vraiment pourquoi. Nympho sur les bords outrageants, Zelda est morte. Tu l'as déjà chanté, et bien dansez maintenant.

No comments:

Post a Comment